RUMI ET L’AME DE LA DEESSE SAMADEVA
« A son époque, Rumi était considéré comme le plus grand poète, philosophe et érudit en langue persane ; mais jusque-là, son puritanisme religieux l’avait empêché de s’intéresser aux autres manifestations apparemment plus superficielles de l’art, comme la musique, la danse et le chant.
Un jour en se promenant dans les rues de Konya, il vit un homme dansant le Sama, la danse tournoyante des derviches. C’était Shamz de Tabriz, celui qui allait devenir son Maître. En regardant Shamz tournoyer et pratiquer ses exercices de danse, Rumi tomba en extase. Il eut alors cette vision extraordinaire : pendant que Shamz tournoyait, Rumi vit une danseuse sortir de son corps, puis s’élever vers les cieux au cours de ce Sama et il savait que c’était l’âme de Shamz.
De ce jour, date la conversion de Rumi à la danse tounoyante des derviches, dont il allait faire par la suite le cœur même de son enseignement. L’état extatique de Rumi dura si longtemps que, lorsqu’il en sortit, Shamz avait disparu. Désemparé, Rumi partit à sa recherche. Il parcouru l’une après l’autre les ruelles du souk et, passant devant l’échoppe d’un orfèvre, il entendit le tintement cristallin du petit marteau sur le métal doré. Il entra dans l’échoppe et remarqua, près de l’orfèvre, une jeune fille martelant un objet qu’elle tenait entre les mains.
S’approchant, Rumi vit qu’elle sculptait une danseuse, réplique parfaite de celle qu’il avait reconnus comme étant l’âme de Shamz de Tabriz. Une fois encore, Rumi tomba en extase et il sentit sa propre âme commencer à tournoyer. Lui qui n’avait jamais dansé auparavant, qui n’avait jamais pratiqué le Sama, se mit à tournoyer dans l’échoppe. Pour la première fois, il reconnut sa propre âme qui, comme celle de Shamz, s’élevait de son corps et l’entraînait vers les cieux.
Une fois sorti de cet état extatique, Rumi resta quelque temps auprès de l’orfèvre et de sa fille. Il apprit qu’elle sculptait la danseuse Samadeva, l’une des déesses indoues de la danse.
D’après la légende de Samadeva, l’âme humaine est naturellement belle et joyeuse, mais elle est comme emprisonnée dans le corps physique, ses limitations et ses maladies, prisonnière aussi des émotions conflictuelles et négatives. Les danses et exercices « Samadeva » la libèrent. La pensée de vient claire, les émotions positives, le corps retrouve sa jeunesse et sa santé.
Telle est l’histoire de la danseuse Samadeva, reconnue comme la déesse de la danse par les derviches errants, les derviches Malamati du Sud de l’Inde, confrérie à laquelle appartenait shamz de tabriz. Les danseurs mystiques racontent qu’en tournoyant et en pratiquant ces danses, le danseur ou la danseuse s’unissent à l’âme de la danse ou la déesse de la danse, Samadeva. »
Extrait du livre
L’EUPHONIE GESTUELLE DU SAMADEVA
Idris Lahore
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